lundi, mars 12, 2007

Tunis/Paris…


L’inévitable s’est produit… J’ai quitté ma belle Tunisie…
Me revoilà donc à Paris…

Finis les après midis passés à arpenter les rues de Tunis…

Finis les cours qui commencent en retard mais finissent en avance à l’Institut Ibn Charaf…


Retour à Sciences Po et à la vie parisienne…

vendredi, mars 09, 2007

Mon cher Ministre....


M. le Ministre de la Culture et de la sauvegarde du Patrimoine,

Munie d'une invitation de votre part, je me délectais d'avance à l'idée d'assister au concert de l'Orchestre symphonique national, hier, au théâtre municipal de Tunis. Cependant, bien qu'arrivée avec près de quarante cinq minutes d'avance, on m'expliqua que la salle était déjà comble, les invitations ayant été distribuées en surnombre.

Si notre orchestre national a eu le plaisir de jouer devant une salle comble, ce dont vous vous flattez peut être, il n'en reste pas moins que plusieurs personnes, ayant reçu des invitations de votre part et ayant fait le déplacement pour assister au concert en question, sont reparties amères et profondément déçues.

Un théâtre n'est pas un avion que l'on peut "surbooker" pour être bien sûr qu'il soit plein. Les spectateurs, quant à eux, ne sont pas des "figurants".

Je n'abuserai pas plus de votre patience et vous demanderai juste, à défaut de distribuer, la prochaine fois, un nombre d'invitations équivalent au nombre de places disponibles, de demander à vos secrétaires d'apposer la mention "dans la limite des places disponibles" en bas de vos invitations. Cela évitera les désagréables surprises et le discrédit encore plus grand de la culture dans notre pays.

Dans l'attente d'une improbable réponse de votre part, je vous prie d'agréer mes salutations les plus distinguées que, pour les raisons mentionées plus haut, je n'ai pas pu vous adresser hier soir.

mardi, mars 06, 2007

Voile et intolérance...


On m'avait dit que le voile n'était pas toléré dans l'enceinte universitaire en Tunisie pourtant les quelques semaines passées à l'Institut de Sciences Sociales Ibn Charaf de Tunis semblaient contredire totalement les rumeurs qui étaient parvenues à mes oreilles. Les jeunes filles portent leurs voiles jusque dans les salles de classe sans problème apparent...

Apparent... car j'ai assisté aujourd'hui, pendant mon cours de traduction, à un étrange déchaînement du professeur à l'encontre d'une jeune fille voilée. Après lui avoir demandé pourquoi elle avait choisi de porter "ça", il a confié à toute la classe que l'étudiante en question lui rappelait les "degueza" (vieilles femmes pauvres qui prédisent le sort en Tunisie) avant d'intimer l'ordre à la jeune fille de corriger les phrases arabes inscrites au tableau, elle qui "lit le Coran", le tout accompagné de sourires moqueurs...

Il va sans dire que l'étudiante voilée était, au plus haut point, confuse et humiliée baissant la tête et n'osant pas répondre au professeur pour lequel je n'ai plus la moindre estime.

Pourquoi et comment un Professeur universitaire, censée éduqué et ouvert d'esprit, peut en arriver à tourner en ridicule une jeune fille d'une vingtaine d'années devant tous ses camarades, du seul fait que celle ci a fait le choix de porter le voile ?

C'est tout simplement désolant !

lundi, mars 05, 2007

La tentation "islamiste" en Tunisie à travers un film.

« Akher film » ou le « dernier film », c’est le titre qu’a donné Nouri Bouzid à son long métrage tant il était conscient d’évoquer un sujet délicat : la tentation « islamiste » en Tunisie.

Chokri, jeune danseur de 26 ans, qui a les yeux rivés vers l’Europe, accumule les accrochages avec la police qui, après l’avoir parfois violemment rappelé à l’ordre, finit par le rechercher activement. Fuyant cette arrestation, Chokri cède à l’hospitalité d’un vieux sculpteur « islamiste » qui lui offre un toît et le réconfort moral dont il avait besoin. Rapidement, la gentillesse de l’homme s’avère fortement intéressée, celui-ci veut, en effet, faire de Chokri un « martyr » de la cause islamique. Un véritable lavage de cerveau commence alors. Le discours du vieil homme est, de plus en plus, ponctué d’expressions comme « halal », « haram », « zeni » (adultère), « kouffar », "Jihad" etc…Embrigadé puis amer, Chokri finit par se suicider à l’aide d’une ceinture d’explosifs.

C’est ainsi que se termine le film qui s’est, visiblement, donné pour objectif de montrer comment un jeune homme « normal » peut se muer en un être prêt à tuer et à se tuer. Si l’on peut comprendre le désir louable de compréhension du metteur en scène, on comprend moins les raccourcis qu’il emprunte. Les houris, la haine viscérale de l’Occident, la misogynie, le double discours des islamistes. Tous les stéréotypes sont là à croire que c’est BHL qui a écrit le scénario depuis son Riyad de Marrakech.

Un film qui certainement remportera de nombreuses récompenses. Je vois déjà les grands-mères de Saint Germain applaudir chaudement le long métrage tunisien…

A titre d’information, le réalisateur sera présent jeudi 8 mars, à l’ABC, rue Ibn Khaldoun, après la projection de son film, pour répondre aux questions ou remarques du public, à 18h si ma mémoire ne me joue pas des tours
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dimanche, mars 04, 2007

Critique de la société tunisienne. « Wahed mena » au Centre culturel Ibn Rachiq.


Ayant, avec grand regret, raté les représentations de Khamssoun, préalablement interdite, j’ai décidé de me rattraper en allant voir une autre pièce tunisienne. Mon choix s’est porté sur « Wahed mena » (un de nous) qui se jouait au Centre culturel Ibn Rachiq, en plein centre de Tunis. L’affiche représentant un comédien déguisé en femme tenant une conférence de presse à des chaînes aussi mondialement connues que la CNN, Al Arabiyya ou Al Manar, avait en effet suscité mon intérêt.

La pièce, à travers le cheminement personnel d’un jeune bachelier offre une intéressante critique de la société tunisienne en faisant allusion à des thèmes aussi importants que le chômage ou l’immigration clandestine. La critique sociale a parfois revêtu un savoureux double sens de façon fort habile et détournée pour le plus grand plaisir des spectateurs. Ceux-ci ont ainsi ovationné le personnage du conducteur de bus haranguant les usagers du transport en commun en ces termes : « mé tehchmouch ?! Tet' harkou 'al kressi ?! Al feyda fal akhlaq mouch fal kressii ! » (“Vous n’avez pas honte ! Vous vous disputez pour les sièges ?! Ce sont les valeurs qui comptent pas les sièges !!”).

Dommage que la pièce se soit muée, à la fin, en une satire d’Al Jazeera, déguisée en critique des médias en général non que la chaîne qatarie, devenue Al Khateera (« la dangereuse »), soit exempte de critiques mais la pièce aurait gagné en cohérence en restant une approche critique de la société tunisienne. La satire d’Al Jazeera, bien que drôle reconnaissons le, reste superficielle tant on a l’impression que le metteur en scène a eu besoin de faire passer la pilule de son « audace » en se défoulant sur la chaîne qatarie, pas spécialement très appréciée au pays du Jasmin...

Les « Bhoumiyya awards ».



A une semaine de mon départ de Tunis (hélas…), il est temps, pour moi, d’attribuer les « bhoumiyya awards » aux trois personnes dont la stupidité m’a le plus fait rire (jaune ?)

3 eme prix : Le gérant de mon foyer qui malgré les 150 dinars mensuels qu’il empoche par chambre n’hésite pas à couper l’eau chaude rendant celle-ci disponible seulement trois fois par semaines quelques malheureuses heures.

2 eme prix : Un beauf tunisien qui drague : « Ou la la ! Quelle belle look ! Mammma miiiia !! »

1er prix : Un Tunisien complètement out à qui l’on demande où se trouve exactement le site (sous entendu archéologique) de Carthage et qui répond : « C’est le site Internet que vous cherchez ? »